La mémoire, un droit et un devoir

Le devoir de mémoire consiste à rendre justice à un autre que soi

En 2004, la toute jeune Maison de la Laïcité de Stavelot entrait activement dans une vaste opération citoyenne intitulée « L’extrême droite est inacceptable ». Celle-ci, qui reçut par la suite le « Prix Condorcet » attribué par le Centre de Recherche et d’Etudes politiques du Parlement Wallon pour avoir pris « la défense sans concessions des grandes valeurs démocratiques sous le signe de la tolérance, du dialogue et de l’éducation », s’était solidement adossée à l’histoire de la 2e Guerre Mondiale.

Comment en effet évoquer la pensée totalitaire et comprendre ses objectifs réels – la guerre, l’esclavage et l’extermination – si l’on ignore la réalité historique ? Au cours de la période où l’Europe lui a été soumise, des millions d’hommes et de femmes ont formé ce que l’on a appelé « le peuple des barbelés ». Prisonniers de guerre, opposants politiques, résistants, libres penseurs, francs-maçons, homosexuels, Témoins de Jéhovah, Tziganes, Juifs, ils ont connu l’enfermement dans les camps, les privations, le travail forcé et pour beaucoup d’entre eux (6 millions ?) l’extermination programmée.

A cette époque, d’innombrables lager couvraient l’Allemagne (Ravensbrück, Buchenwald, Dachau,…), l’Autriche (Mauthausen), la Tchécoslovaquie (Theresienstadt) et la Pologne (Treblinka, Maidanek, Auschwitz,…). Sans oublier Breendonk, où plus de 3500 otages et ennemis du Reich furent enfermés, torturés et parfois fusillés ou pendus.

Or, par rapport à ces événements, nous sommes postés à un moment crucial car la mémoire vivante de cette guerre abominable disparaît peu à peu avec les derniers survivants. Le risque est donc réel que ce passé s’estompe, laissant les générations futures à la merci d’un retour d’une idéologie liberticide et criminelle.

Ces générations ont le droit de savoir. Notre devoir est donc de transmettre, puisque ceux qui vont nous suivre doivent pouvoir mesurer le danger qui les guette. Notre devoir est donc de commémorer – dans des formes nouvelles sans doute – pour que les lumières, en se braquant sur le passé, éclairent le futur.

Souvenons-nous de Primo Levi : « Ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être obscurcies, les nôtres aussi ». Et entendons le poète Arthur Haulot qui acceptait de « porter les douleurs du passé pour que les enfants puissent conserver le souvenir du temps de barbelés».

En menant des actions destinées à sauvegarder cette mémoire – et notamment d’indiquer clairement la signification du triangle rouge – la Maison de la Laïcité de Stavelot affirme la nécessité de résister aujourd’hui pour protéger la démocratie puisque, selon Albert Camus, « celle-ci ne peut être conçue, créée et soutenue que par des hommes qui savent qu’ils ne savent pas tout, qui ne s’accommoderont jamais de la misère des autres mais qui justement refusent d’aggraver cette misère au nom d’une théorie ou d’un messianisme aveugle ».

J’ai un rêve

Je vous dis aujourd’hui, mes amis, que malgré les difficultés et les frustrations du moment, j’ai quand même un rêve. C’est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.

J’ai un rêve qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance: « Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux ».

J’ai un rêve qu’un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

J’ai un rêve qu’un jour même l’Etat de Mississippi, un désert étouffant d’injustice et d’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

J’ai un rêve que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère

J’ai un rêve aujourd’hui

J’ai un rêve qu’un jour l’Etat de l’Alabama, dont le gouverneur actuel parle d’interposition et de nullification, sera transformé en un endroit où des petits enfants noirs pourront prendre la main des petits enfants blancs et marcher ensemble comme frères et sœurs

J’ai un rêve aujourd’hui.